Identités, Images, Représentations.

La modernité, née de progrès techniques et scientifiques apporte de grands changements au monde occidental entre la fin du XVIIIe et le milieu du XXe siècle. Tous ces « progrès » permettent aux Occidentaux de partir à la recherche de richesses chez les Autres, de les soumettre et de les coloniser. Cette exploitation se trouve légitimée par le discours colonialiste. C’est également à cette époque que se crée une nouvelle forme d’organisation politique, l’Etat-nation européen. Dans ses travaux, Anne-Marie Thiesse a montré comment les intellectuels ont contribué à cette construction historique en forgeant les symboles constitutifs du patrimoine culturel d’un Etat-nation.

L’Occident croit désormais au « progrès » linéaire et continu, en son propre pouvoir et au droit « naturel » de la « race blanche » de régner sur « les races inférieures », sommées de s’adapter aux intérêts des nouveaux maîtres du monde, ou de disparaître. Ceci n’exclut pas une exploitation complaisante de l’image pittoresque et exotique des peuples soumis, allant jusqu’à imposer l’immobilisme à des cultures choisies pour devenir des musées vivants. Les puissances coloniales, tout en excluant les autochtones de toute instance de décision, peuvent mettre en scène certains indigènes comme faire-valoir, et accordent éventuellement à certains des emplois subalternes d’interface administrative. Cependant, en métropole, les nouvelles identités nationales sont élaborées selon une idéologie de la mêmeté du sang et une opposition binaire entre l’inclusion et l’exclusion ; une nouvelle Histoire officielle s’écrit, dans le but de favoriser la cohésion sociale entre les citoyens choisis.

Mais la modernité entre à son tour en crise : l’eugénisme mène à l’Holocauste, et les progrès techniques aboutissent à Hiroshima. La colonisation se désagrège, les anciennes colonies se libèrent et souhaitent forger leur propre identité. Puis la mondialisation met à mal l’identité laborieusement fabriquée des peuples du « Vieux Continent ». On voit apparaître de nouveaux principes de construction de l’identité nationale qui tâchent de prendre en compte la mixité ethnique des Etats.

Devant cet effondrement des certitudes de la modernité, le monde entre dans une ère caractérisée par de nombreuses crises identitaires, personnelles, communautaires et nationales. L’autorité de l’Histoire « officielle » (euro-centrée) est contestée, sa version des faits est déconstruite par des critiques postcoloniales afin de mettre à nu ses silences, le discours colonialiste qui la sous-tend, ainsi que son instrumentalisation de stéréotypes sur

l’Autre. On déconstruit l’Histoire officielle, entre autres par des récits de vie, que ce soit sous forme littéraire, cinématographique…

 

Nous porterons notre attention sur des représentations – littéraires, historiques, cinématographiques, iconographiques – de l’autre. En confrontant nos recherches pluridisciplinaires, nous chercherons à dégager des stratégies communes de résistance aux stéréotypes. Nous nous questionnerons sur le rôle de l’hybridité/du métissage, et de l’interculturalité dans ce processus.

 

Nous encourageons des approches théoriques variées :

- construction identitaire,

- postcolonialisme,

- théorie du trauma,

- « whiteness studies »,

- etc.

provenant de champs disciplinaires différents

- Littérature,

- Civilisation,

- Histoire,

- Cinéma,

- Sémiologie,

- Anthropologie,

- Linguistique

- etc.

 

Nous solliciterons des contributions qui se focalisent sur plusieurs aires culturelles :

- l’Asie-Pacifique,

- les Amériques,

- l’Europe.

Mais des contributions concernant d’autres aires peuvent également nous intéresser.

 

La question de la perception de l’Occident par les autres civilisations sera abordée.

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